Non, la Tunisie mérite mieux (1)
المحرّر: Faouzi MESSEOUD

Les « journées académiques » Microsoft Tunis 2007, ont été très voir trop médiatisées dernièrement. On a l’impression que la Tunisie a réalisé un exploit inédit dans le domaine de développement informatique, ce qui n’est pas le cas bien sûr.
A l’heure où les Tunisiens développent déjà les logiciels, ils sont consultés et sollicités effectivement pour ceci, un responsable / décideur vient et fait une marche en arrière en aspirant à ce que ces manifestations vont nous faire apprendre à mieux maîtriser les logiciels !! (développer un logiciel est de loin un stade avancé par rapport à sa maitrise). C’est dire non seulement le décalage dans lequel se trouvent ces gens par rapport à la réalité de leur pays, mais également les conséquences probables que pourraient résulter d’un tel point de vue catastrophique.
Microsoft est le roi de marketing :
Il faut rappeler peut être que Microsoft est le « roi incontestable » du marketing, en atteste sa réussite à placer un simple produit plein de boeugs, en l’occurrence son système d’exploitation Windows au dessus de la concurrence, à commencer par les différents systèmes Mac, en passant par les diverses déclinaisons des systèmes issus du monde UNIX (LINUX, SOLARIS..).
Pourquoi ce rappel, et bien par ce que des médias tels que le journal La Presse du 4/03/2007 entre autres, se sont félicités par l’initiative de Microsoft et ont cité les propos de M. Joe Wilson directeur à l’échelle mondiale des initiatives académiques de Microsoft (y a t il vraiment un poste de ce nom chez Microsoft !!).
Le constat immédiat ici est que cette manifestation est certainement une réussite pour Microsoft, mais si elle est ainsi pour Microsoft elle ne doit pas l’être forcément pour la Tunisie. On va expliciter par la suite ce point de vue.
Microsoft est un éditeur de solutions propriétaires :
Le sujet prête à vrai dire à une analyse profonde, mais on va se contenter d'avancer les principales idées sous la forme des points :
- D’un point de vue purement technique, on n’arrive pas vraiment à saisir l’engouement des décideurs du secteur public en Tunisie pour Microsoft et Bill Gates, ceci est pour les raisons qui suivent.
- Microsoft a été toujours le développeur des solutions informatiques propriétaires contrairement aux solutions standards et open source.
o Son système d’exploitation (surtout les anciennes versions) est hors les normes en matière des critères d’un système d’exploitation.
o Dans le domaine du web, l’ensemble des solutions Microsoft ne constituent qu’une portion minime allant de 2% (son serveur web IIS), aux meilleurs des cas 10% (pour son moteur de recherche sur le web, sans parler de sa pertinence qui ne vaut pratiquement rien devant Google et même Yahoo).
o Ses outils de développement web, sont très peu utilisés, ainsi sa solution langage coté client VbScript ne représente qu’une fraction minime vis à vis à JavaScript, d’autre part sa solution langage coté serveur ASP et ASP.net est semblable à celui coté client. D’autant plus que VbScript n’est pas conforme aux standards, contrairement à JavaScript.
o Son produit navigateur Internet Explorer propose d’accepter des attributs HTML spécifiques Microsoft et non standards (tendance à se distinguer des normes).
o Son outil de génération de sites web, Front Page gère des balises HTML et des attributs propres à Microsoft (tendance à se distinguer des normes).
o Son outil de création d’application exécutable VB a été plein de boeug, très pauvre en matière des composants et ne supporte pas l’orienté objet comme fut le cas avec son concurrent Delphi de Borland / Imprise.
o Microsoft continue ces orientations, et a refusé récemment de s’allier aux normes pour le format d’échange XML, elle a proposé en contre partie son format propriétaire Open XML, dans sa suite bureautique 2007.
o Les applications bureautiques constituent le seul domaine dans lequel Microsoft a fait des réussites. Ces applications par contre n’ont aucun intérêt pour un pays qui cherche à doter ses compétences par des solutions encourageant le développement.
Les éditeurs de solutions informatiques :
- Les éditeurs de solutions informatiques se divisent en 3 catégories :
o Editeurs orientés consommation : ceux qui éditent des applications destinées à être consommées sans aucune intervention de la part d’un développeur, c’est le cas des applications bureautiques, les applications de gestion, les applications graphique. Microsoft se situe à la tête de cette catégorie.
o Editeurs orientés développement : ceux qui éditent des applications et qui donnent la possibilité au développeur d’apporter des modifications, et ce en proposant un langage de développement propre (AutoCAD avec son langage AutoLISP) , ou en donnant la possibilité d’apporter des modifications sur le noyau même de l’application, et ce en donnant le code source de l’application. C’est le cas de l’ensemble des applications Open source.
o Editeurs intermédiaires : c’est le cas surtout des applications orientées développement, que ce soit les générateurs des exécutables (VB, Delphi,..), ou les SGBD (Oracle, SQLServer, …). Microsoft se situe également dans cette catégorie, cependant loin derrière d’autres éditeurs tels que Sun (éditeur de Solaris et JAVA), Oracle, Borland /Imprise (éditeur de DELPHI, JAVABUILDER…).
- Un pays comme la Tunisie aura intérêt à coopérer avec des éditeurs catégorie développement, ou du moins avec ceux spécialisés dans les outils de développement (SUN, Borland), au lieu de coopérer avec un éditeur qui ne cherche qu’a vendre ses produits orientés consommation, quitte à faire semblant qu’il apporte une assistance technique à ce pays (comme ce fut avec les journées objet du présent article).
- Un pays comme la Tunisie aura intérêt à coopérer avec des éditeurs qui respectent et qui valorisent les normes informatiques, car si on accepte de se placer sous la tutelle d’un quelconque éditeur, tous vos produits générés n’auront de sens que sous l’environnement propriétaire de cet éditeur. Ceci est de nature à bloquer le développeur à chercher et à innover, puisque il est déjà limité par les barrières d’une solution imposée, contrairement aux solutions open source par exemple.
- Un pays émergent tel que la Tunisie, ne doit pas aspirer à ce que ses compétences arrivent à maîtriser les logiciels comme a été dit dans ces « journées académiques » Microsoft, il faut plutôt placer la barre haut. La Tunisie doit tabler sur des compétences qui produisent les logiciels et les solutions innovantes et non seulement maitrisent des logiciels qui existent.
Voir également: Non, la Tunisie mérite mieux (2)
7-03-2007
http://www.myportail.com/Faouzi_MESSEOUD.htm
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